lundi 12 octobre 2009

Coco de Chanel


Aah les premiers frimas, l'automne, ses couleurs chatoyantes et mordorées. L'hiver, son vent froid et sa lumière blafarde, mais aussi les paysages immaculés, purs et infinis. Les cristaux qui s'amourachent des branchages...

Ces deux saisons ont la particularité de me réjouir non seulement pour leur immense beauté mais aussi parce que conjointement à la chute des températures, je me précipite sur mon flacon de Coco de Chanel. S'il faisait froid tout au long de l'année sous nos latitudes, je pense qu'il serait mon Number One. Toujours. Coco en eau de parfum et en extrait de parfum, de préférence.

Imaginez une étoffe, riche, luisante, épaisse et terriblement douce, d'un pourpre profond...Imaginez une corbeille de fruits et d'épices qui viendraient affoler vos sens...Imaginez, posées un peu plus loin, les plus belles et odorantes fleurs alanguies dans un vase baroque noir serti d'or... Une opulence, un sublime équilibre entre la vivacité et la chaleur des épices, des fruits confits et moelleux, et le luxuriant parfum des fleurs rares. Une radiance extraordinaire et une tenue absolument impeccable. Tout cela, c'est Coco de Chanel.

Coco est un parfum riche, vif, féminissime! Un chef d'oeuvre de Jacques Polge, créé dans mes petites années fétiches: The Eighties! En 84 pour être plus précise.

Ses notes de tête révèlent avec brio des notes fruitées et fleuries (pêche, frangipanier, mimosa). Le coeur vibre par une brassée de fleurs et d'épices: Jasmin de Indes, Rose de Turquie, Néroli et cascarille, cannelle, clou de girofle. Le fond est gourmand sans aucune mièvrerie cependant, avec ses notes d'opopanax, benjoin du Siam ,de fève tonka et de santal.

L'unique réserve que j'émettrais est la suivante...: C'est un parfum qui ne tolère point les chaudes ou tièdes saisons. Le froid mordant le rend encore plus beau! Dangereusement beau!

A chacun sa cocaïne: pour moi c'est Coco incontestablement.

jeudi 1 octobre 2009

Narcisse Noir de Caron


Il y a quelques temps de cela, j'ai ressenti le besoin de replonger dans une odeur, un parfum qui me ramène à mon enfance. Mais il ne s'agissait pas de retrouver les effluves que j'avais pu sentir sur des femmes de mon entourage pendant mes (très) jeunes années. Je voulais juste rencontrer une petite eau magique et douce qui me rappelle la tendresse de la prime jeunesse. Je vous le donne en mille, lors d'un petit détour à Paris, juste à côté de l’Élysée...c'est chez Caron que je l'ai trouvée.

Son nom évoque d'avantage le danger d'une femme fatale, plutôt qu'une comptine et un gros nounours rose?Mais croyez-moi, Narcisse Noir en eau de toilette n'a rien de la vamp à laquelle on pourrait s'attendre!

C'est une eau de toilette exquise, d'une douceur adorable. Un bouquet de fleurs blanches délicates dialoguant avec une fleur d'oranger enfantine à souhait, une eau qui n'en finit pas de s'arrondir dans le miel et un peu de musc délicat.

Le tout est aussi touchant de clarté qu'une chambre d'enfant aux tons pastels, rayonnante de lumière et de douce chaleur.

Et puis, toujours chez Caron (une fort jolie boutique d'ailleurs) j'en ai profité pour humer la version extrait (parfum) de Narcisse Noir (ou plutôt la reformulation de l'ancien Narcisse Noir).

Narcisse Noir en extrait est plus sombre que la version eau de toilette. Ce qui m'a frappée en premier lieu, c'était les notes "asphaltes" goudron chaud ou pneu brûlé qui se dégageaient sur ma peau. Mais très vite j'ai pu senti la fleur d'oranger ainsi que l'accord rose-jasmin moelleux et suave. J'y ai retrouvé en fond, la caronade, une sorte de poivre doux, mêlé à une note de miel de fleur d'oranger, ambrée et légèrement animale. Sa tenue est plutôt moyenne pour un extrait. Je lui préfère nettement la version eau de toilette , plus lumineuse, plus tendre et gaie. Mais là encore, question de peau et goût.

Sublime de Jean Patou


Prise dans les filets d'une furieuse envie d'oranges (non, je ne purge aucune peine derrière les barreaux... ) j'ai testé il y a peu, Sublime de Jean Patou. Oui... que voulez-vous, je reste dans le registre des vieux classiques (quoique 1992 pour celui-ci... ).

Je m'attendais à un fleuri capiteux (du Patou, en fait) égayé par une touche d'orange juteuse mais...il n'en fut rien...! Ce parfum m'a tout simplement charmée. Élégant, chic, intemporel et plutôt hivernal. Les notes de tête sont délicieuses: des agrumes (oranges peut-être mandarines) mêlées à une douce note ambrée. Délicate et orientale...Je me laisse séduire d'emblée par le joli mariage agrumes et ambre, la pétulance et le velours... puis au fil des minutes, quelque chose se passe! Sublime prend un tour offensif, il attaque avec des notes mordantes piquantes et presque épicées, (des aldéhydes probablement) et je sens poindre au loin une petite note animale, qui 'salit' un peu l'ensemble...très intéressant ce jus qui ne cesse d'évoluer sur ma peau. Je peux enfin sentir la tendre opulence du jasmin, quelques notes vibrantes de roses, peut-être aussi de la fleur d'oranger qui donne du moelleux mais qui toutefois se laisse vite mordre par une note de vétiver...saisissant! Pour finir , il laisse un sillage poudré, crémeux, épais.

Sublime est selon moi un très agréable parfum d'hiver. Construit sur deux accords assez peu communs (un côté sombre et mordant , l'autre d'une tendresse infinie). Je le vois porté sans ostentation mais avec maturité et distinction. Si vous ne le connaissez pas, je ne peux que vous enjoindre à le découvrir au gré d'une ballade parfumée! Sublime a vraiment un charme fou!

Femme de Rochas




Pour des raisons qui côtoient la nostalgie, Femme de Rochas est un de mes grands favoris. La première fois que je l'ai porté c'était dans sa version "lait pour le corps" et j'avais 18 ou 19 ans... Une merveille! Aujourd'hui il m'arrive de le porter dans sa version eau de parfum  ou eau de toilette (La différence entre les deux concentrations n'étant pas véritablement flagrante, on peut opter pour l'une ou l'autre indifféremment). Femme est un concentré de sensualité pour moi. Un fruité-épicé-chypré, de caractère. Son sillage est unique et très identifiable. Sa note de cumin lui confère une certaine animalité qui sublime véritablement la peau et les tissus nobles d'hiver.En plus du sillage tout simplement magnifique, le flacon aux formes inspirées par May West et le jus couleur ambre en font un "inoubliable"...

C'est très personnel mais je préfère Femme de Rochas, ou tout du moins sa reformulation (qui date de la fin des années 80) au jus des éditions de parfums Frédéric Malle, Le parfum de Thérèse (très melon d'eau à mon nez) , sensé pourtant être proche de la version originale de Femme de Rochas lancée en 1944. Femme a pour moi une connotation sentimentale, affective. Il est un emblème. Richesse du jus, velours, et véritable identité... il a tout d'un très Grand ! Et comme il s'agit d'un chypré fruité, la prune y jouant la vedette, il n'est pas sans me rappeler certaines facettes du sublime Mitsouko de Guerlain.



Un seul petit bémol, ses notes de fond qui sont un peu sourdes et forment un ensemble un tantinet opaque et "masculin". En cela, peut-être le chypré-fruité Mitsouko est-il plus réussi, son fond étant un moelleux velours.



Voilà encore un grand parfum promis à une disparition très prochaine, si vous l'aimez, hâtez-vous et fournissez vos placards en "Femme de Rochas", car ce sera bientôt un cher disparu, ou pire encore, un "reformulé" privé d' âme.