jeudi 27 mai 2010

BALAHE de Léonard




Balahé de Léonard , né en 1983 sous l'impulsion créative de Daniel Moliere s'inscrit fort bien dans la lignée des beaux parfums de ces années Quatre-Vingt que j'affectionne tout particulièrement. Serge Mansau a habillé son émouvante et sensuelle fragrance d'un magnifique flacon noir ébène dont la forme m'évoque un galet poli et gravé par les embruns.

Adolescente, je possédais une miniature presque vide de ce parfum. Je me contentais alors uniquement d'en admirer les courbes et contours.

J'ai respiré Balahé sur un chemin de hasard, pour la première fois, au courant de l'année dernière. Comment ai-je pu passer tant d'années à côté d'un si beau parfum sans mieux faire sa connaissance? Toutes ces années passées sans Balahé...quel dommage. Et ma peine est d'autant plus consistante aujourd'hui, que je sais ce parfum discontinué. Trop tard...too late now....

Ce parfum ouvre son carnet de voyage exotique sur des notes fruitées-aldéhydées. On est cependant très loin des notes criardes fruitées et sirupeuses retrouvées dans chacun de ces flacons des années 2000. Balahé déroule des notes moelleuses confites de prunes, presque "mirabellées", et d'ananas mais sans jamais sombrer dans ce désormais trop coutumier jus multi-fruité chimique. Ces mêmes notes gourmandes de Balahé sont d'ailleurs tempérées par une bergamote lumineuse et relevées par le froissement de pincées aromatiques d'anis et de sauge.

On glisse ensuite en douceur dans un bain tiède de fleurs blanches (tubéreuse, ylang-ylang, iris, jasmin, fleurs d'oranger) . Là encore à me lire, on pourrait penser mais à tort, que ce bouquet magistral de fleurs blanches confère une odeur quelque peu savonneuse à l'ensemble. Il n'en est rien, croyez-moi... Là tout n'est que soie, velours, dans une plaisante obscurité.

Les notes de fond sont juste sublimes... Dans un parfait équilibre, elles déploient des trésors de sensualité grâce à la vanille, l'opopanax, le santal, et ce à travers le voile d'une suavité à peine animalisée de civette et de musc.

On se rapproche un peu du prodigieux Poison de Dior et du daté Loulou de Cacharel, mais là où ces derniers s’époumonent à pousser des notes wagnériennes, Balahé se love et demeure dans un répertoire plus intime, plus doux. Sotto Voce...

Je finis mon flacon et regrette dés à présent le jour où je n'en trouverai plus. Il me manque déjà...tant.

17 commentaires:

  1. Je ne connais ce parfum que de nom, mais une fois de plus, ta description si sensible me donne envie de profiter de sa chaleur sensuelle et luxueuse.

    Par contre, c'est avec beaucoup de tristesse que je lis et relis la première partie de ton billet. Je ne veux pas y croire, tout simplement.

    Avec toute ma tendresse, chère jeeks.
    V.

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  2. Chère Valdelia,

    je reçois ta tendresse comme un joli cadeau et t'en remercie infiniment.
    Tu sais, je crois être arrivée au bout d'un sentier. Il ne me reste plus qu'à faire demi-tour ou peut-être empreinter un autre chemin? Les routes sont longues et parfois sinueuses mais l'essentiel n'est-il pas d'avancer, même à petits pas...?

    Ce blog m'a apporté beaucoup de bonheur (des frustrations aussi). J'ai écrit avec passion, partagé avec toi et d'autres adorables personnes de jolis instants
    parfumés. J'espère aussi avoir offert en m'exposant un peu, quelques "petits riens" à celles et ceux qui auront bien voulu me lire, parfois dans l'ombre...

    Il me faut t'avouer que d'avoir senti le récent "Oriens" de Van Cleef and A. y est pour beaucoup dans mon découragement. Quelle accablante démonstration de médiocrité! Je ne sais pas où se perd l'univers actuel de la parfumerie, mais il se fourvoie dans des sphères qui me sont parfaitement déplaisantes.
    Quant à nos chers anciens ou pire, nos chers disparus, il m'est de plus en plus insoutenable d'avoir le sentiment de poursuivre des fantômes...

    Voilà Valdelia, mon amour pour les parfums demeure néanmoins toujours en moi, tapi tout au fond de mes pensées, immuable, et si je ne trouve plus vraiment la force d'écrire à leur sujet, je ne manquerai pas de te lire sur ton chaleureux et divertissant blog.

    Jeeks.

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  3. Oh Jeeks... je suis désolée de lire ça. Et j'espère vraiment que ce n'est que temporaire, tu ajoutais une bien jolie voix, si poétique, à la blogosphère.

    Mais je reviens d'une longue balade parfumée et... je comprends ton écœurement.
    Tout était décevant, tout, des sirops cyniques aux classiques défigurés, en passant même par des niches hors de prix qui finissaient par se ratatiner sur la peau... le marché actuel est dans un état désolant.

    Mais il reste malgré tout de belles choses, de belles surprises à avoir, et tu pourrais peut-être y revenir après une pause? Il y a quelques mois, je suis retournée presque exclusivement aux vintages et ça m'a fait du bien, de ressentir du vrai beau parfum...

    J'espère en tout cas avoir le plaisir de te lire à nouveau.

    A bientôt j'espère!

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  4. Six, merci beaucoup pour ton message plein de sollicitude. Cela me touche beaucoup.

    Je crois que tu as saisi une bonne part du sens de mon découragement.
    Et puisque d'une certaine manière tu la vis aussi, tu résumes parfaitement toute ma consternation au sujet de la parfumerie actuelle.

    Je ne sais pas si c'est définitif (je le pressens cependant... ou du moins est-ce cette "couleur" qui prédomine depuis quelques temps déjà) mais pour l'heure, je n'ai plus envie, plus de courage pour entretenir le blog. Et comme il me plait d' écrire au sujet de ce que j'aime et moins de ce qui me déçoit, le champ est restreint...

    Vois-tu, les vintages et autres discontinués me laissent une saveur amère. Un goût fondé sur le regret, la pénible et pesante sensation de manque...

    Il ne faut pas dire "Fontaine, je ne boirai pas de ton eau"...alors peut-être qu'un jour je reviendrai, forte de nouveaux désirs!...qui sait?

    Tout le meilleur pour ton magnifique blog, Six.
    Amitiés.

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  5. Ma chère Jeeks,

    De retour de Sydney hier soir, je découvre avec émoi et tristesse que tes fidèles lecteurs (lectrices) dont je fais partie ne pourront plus s’enivrer de tes mots qui décrivaient avec une infinie passion et poésie ce monde des parfums. La pluie commence à tomber sur Oxford et je suis triste,tu vas me (nous) manquer… au plaisir de te revoir bientôt à Oxford…

    Vladimir

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  6. Vlad,

    Rhoooo....Nooon! Pas de tristesse! Je suis sûre que tu seras tout sourire lorsque début juillet je sonnerai à ta "so british" porte!
    Je veux voir ta dernière acquisition clavecinienne et t'apporterai de quoi t'enivrer de française façon! (Nuits Saint Georges, of course!)

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  7. Jeeks,

    Je me suis baladée ici avec plaisir.
    Je ne suis pas intervenue... parce que je trouvais cet endroit encore plus beau dans le silence... il m'inspirait une sorte de recueillement poétique.

    C'est avec un pincement au coeur que je lis ton dernier commentaire. Mais je comprends ton découragement.

    Je t'embrasse. Et, qui sait, au revoir, à bientôt... ou plus tard.

    Molly B.

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  8. je trouve ça dommage jeeks, mais en même temps je comprends ô combien ton écoeurement face à la parfumerie actuelle...moi même je ne passe plus des heures dans les parfumeries, aucune
    nouveauté récente n'arrive à la cheville de mes chers habanita, poison, dix, coco...que du jus de lessive, aucun bel oriental, aucune surprise depuis l'invention de angel (que je déteste, mais lui a fait date dans la parfumerie pour de bonnes raisons)

    Malgré tout je ne me lasse pas de lire tes si jolies descriptions...j'espère te croiser ailleurs..

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  9. Hello Molly
    Hello Poppy....Hello Dolly (ah non pas elle!)

    Je suis très touchée par vos adorables messages.
    Vous m'avez parfaitement comprise et je vois que nous en sommes tous à faire cette triste constatation...La parfumerie est très mal en point.
    Poppy nous avons les mêmes goûts je vois! Angel je l'aime beaucoup mais à dose infinitésimale.

    Nous nous croiserons certainement encore sur les terrasses ombragées du jardin de Valdelia, autour d'un thé à menthe.

    Bien à vous.

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  10. Ho la la ! C'est désolant, une jolie voix qui s'éteint dans la blogosphère parfumée !

    Si la parfumerie vous déçoit, allez sentir les fleurs, les herbes, les arbres... il y a tant de choses à raconter et d'émotions olfactives à partager!

    Bon finalement, je retiens ceci "Il ne faut pas dire "Fontaine, je ne boirai pas de ton eau"...alors peut-être qu'un jour je reviendrai, forte de nouveaux désirs!...qui sait?"

    Alors je vous dis au revoir et non adieu !

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  11. Je garde de ce parfum un souvenir exceptionnel...
    J'étais étudiant et l'avais acheté pour moi... Puis offert à la fille dont j'étais très amoureux... (une étudiante allemande)
    Il m'en reste aujourd'hui un flacon, acheté il y a quelques années ( j'étais tombé dessus par hasard ) et que j'utilise religieusement...
    Merci à vous pour cette évocation !

    Arnaud-Christian TARABELLA

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  12. Bonsoir Arnaud-Christian, et merci pour votre très aimable et nostalgique commentaire! C'est un crève-coeur lorsqu'un parfum disparaît, et ce plus encore, lorsqu'il est rattaché à de belles émotions...

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  13. j'ai porté balahé pendant des années et je suis aussi désespérée de ne rien trouver de semblable.

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  14. bonjour à tous, balahé à été mon parfum pendant des années, mon seul parfum ! Je suis vraiment désolée qu'il ait disparu et ne trouve aucun équivalent ni meme une petite ressemblance...

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  15. @ Anonyme,

    Bonjour et... comme je vous comprends! La douce chaleur gourmande de Balahé, je le confirme, ne se compare pas aux jus actuels.
    Peut-être faut-il se résigner à changer de cap...Essayez Louanges Profanes, de Parfumerie Générale, il pourrait vous plaire ;-)

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  16. Bonjour Jeeks,
    Je découvre le blog et je trouve vos critiques très intéressantes.
    J'ai découvert Balahé en 1989 car ma marraine m'avait donné un flacon. J'étais peut être un peu jeune à l'époque pour l'apprécier pleinement. Mais j'en garde un très agréable souvenir et je me souviens qu'il m'a valu pas mal de compliments. C'est un parfum qui était très original pour l'époque, peut être même un peu avant-gardiste, du moins c'est mon avis.
    J'aimerais beaucoup le reporter maintenant, c'est vraiment dommage qu'il n'existe plus...

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    1. Bonjour Anonyme,
      Merci, votre passage et message me font plaisir. (Votre commentaire m'a donné l'occasion de corriger, dans mon billet, deux ou trois fautes d’orthographe résiduelles (!)). Je comprends vraiment votre nostalgie de ce parfum à jamais perdu...
      En me relisant, je réalise avoir écrit "je finis mon flacon", : Il n'en est rien! J'en ai usé quelques rares fois (dont aujourd'hui car vous m'en avez donné envie) mais mon flacon demeure presque plein et inutile de vous dire combien je l'économise précieusement, telle une relique sacrée...

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